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à Carnoux-en-Provence (13)

Blog d'action municipale

20/04/2022

Augmentation des retraites : un cadeau empoisonné ?

Au 1er janvier 2022, le montant des pensions de retraite a été revalorisé de 1,1 %. A l’approche des élections présidentielles, c’est le moment ou jamais de faire ce genre de petit cadeau qui peut mettre l’électeur de bonne humeur… D’autant que le geste n’est pas isolé puisque s’y ajoute le fameux bonus de 100 €, dénommé « indemnité inflation » que les retraités ont perçu le 1er février 2022 pour les aider à faire face à la hausse du prix de l’énergie et des carburants, au même titre que 38 millions de Français de plus de 16 ans qui ont gagné moins de 2000 € net par mois en octobre 2021, période de référence.

 

Certes, on pourrait considérer que la mesure n’est pas excessivement généreuse au vu du montant de l’inflation qui est en train de repartir à la hausse. Sur l’ensemble de l’année 2021, la hausse des prix en France est évaluée à 1,6 %, mais sur les 12 derniers mois, depuis mars 2021 donc, elle atteint désormais 4,5 % ! La raison principale en est bien sûr l’envolée des prix du gaz et du pétrole, en lien direct avec l’invasion de l’Ukraine mais pour lequel bien d’autres facteurs contribuent. Cette hausse des carburants et de l’énergie atteignait déjà 10,5 % sur l’année 2021, avant donc que Poutine ne déclenche son « opération militaire spéciale », et n’en finit pas de s’envoler depuis. Par comparaison, les prix des denrées alimentaires n’avaient augmenté que de 0,6 % en 2021 et ceux des produits manufacturés étaient restés quasiment stables avec une hausse limitée à 0,3 %.

 

Une augmentation bien inférieure à l'inflation

Dans ce contexte, l’augmentation de 1,1 % des pensions de retraite du régime général n’était donc pas un luxe même si elle fleure bon le petit coup de pouce d’un gouvernement désireux de se monter sous un jour favorable à quelques mois d’une échéance électorale majeure.

 

Sauf que certains retraités modestes ont eu la désagréable surprise de constater, comme cet ancien postier de Seine Maritime cité par France TV info, que malgré cette revalorisation modeste mais toujours bienvenue, sa pension de retraite avait en réalité baissé de 43 € ! Un comble pour ce qui était supposée être, sinon une opération de séduction d’un électorat souvent acquis au gouvernement, du moins une aide en ces temps de forte hausse des prix…

Pour certains, c'est même une diminution...

Mais cette mauvaise surprise qu’ont constaté plusieurs milliers de retraités modestes et qui n’a rien de machiavélique, s’explique tout simplement par un effet de seuil de la CSG, cette contribution sociale généralisée, qui est prélevée sur l’ensemble des revenus, y compris ceux des pensions de retraite, de même d’ailleurs que la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale). Le taux de la CRDS est relativement modeste puisqu’il est fixé à 0,5 %. Celui de la CSG est déjà plus conséquent et il est progressif avec trois tranches croissantes : un taux réduit de 3,8 %, un taux normal de 8,3 % et un taux intermédiaire de 6,6 %.

 

Les retraités les plus modestes, qui perçoivent un revenu fiscal annuel inférieur à 11 431 € pour une personne seule (ou 17 535 € pour un couple) sont totalement exonérés de la CRDS comme de la CSG. C’était le cas de notre postier à la retraite qui touchait, jusqu’à fin 2021, 1341 € par mois de retraite. Début 2022, le montant de sa pension a donc été revalorisée pour atteindre la somme royale de 1356 € par mois. Mais ce simple petit coup de pouce, pourtant bien modeste, a propulsé notre retraité juste au dessus du seuil de 11 431 € de revenu annuel fiscal, si bien qu’il voit désormais sa pension de retraite amputée de 3,8 % de CSG et 0,5 % de CRDS, ce qui l’a ramène de fait à 1298 € par mois : soit une perte de 43 € tous les mois du fait de cette petite augmentation qui partait pourtant d’un bon sentiment !

 

Bien évidemment, cette mauvaise surprise ne concerne qu’une infime minorité des retraités, la plupart d’entre eux voyant bel et bien les effets positifs de cette revalorisation de leur pension sous forme d’une augmentation faible mais palpable de leur revenu mensuel. Il n’en reste pas moins que pour les malchanceux qui voient leur revenu baisser du fait de cette augmentation de leur pension, la pilule est un peu amère à avaler et il n’est pas sûr du tout que cela les mette dans les meilleures dispositions pour voter Emmanuel Macron lors du second tour des présidentielles !

 

Ils devraient pourtatant se réjouir de pouvoir enfin, grâce à ce coup de pouce bienvenu, contribuer comme d’autres au grand effort national de redressement des comptes de notre système de Sécurité sociale. Participer à un tel élan de solidarité nationale n’a pas de prix et mérite bien un petit sacrifice, assurément…

 

L. V.

Emmanuel Macron en quête de voix chez les retraités ? Ici en visite dans un EHPAD en janvier 2019 (photo © Clément Mahoudeau / REA/ Les Echos)

Évolution du taux d’inflation en France depuis 2012 en moyenne annuel sur 12 mois glissant (source © France inflation)

Sans commentaire… (source © Anti K)

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Un dessin signé Deligne, pour Libération (source © Urtikan)

03/05/2022

Sarkozy et Sarkisov sont sur un bateau…

Non, ce n’est pas un canular : il existe bien un oligarque russe du nom de Nikolaï Sarkisov et qui n’a, bien entendu, aucun rapport avec notre ancien Président de la République française, notre Nicolas Sarkozy national, quoique…

 

Comme son nom le laisse penser, Nikolaï Sarkisov est de nationalité russe, mais d’origine arménienne, et il fait partie de ces oligarques qui, bien que pour l’instant absents de la liste de ceux dont les avoirs peuvent être gelés suite à l’invasion de l’Ukraine, n’ont pas trop à se plaindre de l’évolution de leur pays depuis l’effondrement du régime soviétique. Issu d’une famille d’apparatchik de l’ex URSS et ayant effectué son service militaire au sein du KGB, il suit son frère aîné Sergey, alors représentant d’une compagnie d’assurance à Cuba, lorsque ce dernier se voit proposer en 1991 la direction de la compagnie d’assurance russo-européenne RESO, issue de la fusion de plusieurs compagnies importantes. En 2004, Sergey prend la présidence du groupe tandis que son frère Nikolaï vend des contrats d’assurance à l’armée russe.

 

Un business manifestement lucratif et qui sert de tremplin à Sergey, devenu un temps député à la Douma, président de l’Union russe des assurances et même producteur de cinéma, tout en pointant avec son frère, selon les années, dans les 50 à 100 hommes les plus riches du monde d’après le classement Forbes qui estime leur fortune à 1,7 milliards de dollars.

 

Son petit frère Nikolaï partage cette bonne fortune qu’il a pour sa part investie notamment en France où il posséderait pour environ 500 millions d’euros de propriétés immobilières. Son modeste appartement parisien de 600 m², situé avenue Foch avait d’ailleurs défrayé la chronique lorsqu’il avait fait l’objet d’un cambriolage audacieux, en plein jour, en octobre 2020. S’étonnant de trouver la porte ouverte, une voisine avait donné l’alerte et le préjudice global du vol avait été estimé à la bagatelle de 500 000 € : montres personnalisées, manteaux de fourrure, statuettes en bronze, bijoux et maroquinerie de luxe, rien n’était manifestement trop beau pour la famille Sarkisov.

 

Heureusement pour lui, le propriétaire des lieux était absent lors de ce cambriolage qui aurait pu mal tourner. Il était alors en villégiature dans le Var, sur la presqu’île de Saint-Tropez où il est également propriétaire de plusieurs pied-à-terre du côté de Saint-Tropez, dont le somptueux château de Saint-Amé à Ramatuelle. Il possède aussi quatre chalets luxueux à Courchevel, évalués à une cinquantaine de millions chacun, et il est tellement bien intégré en France qu’il exerça, de 2014 à 2019 la fonction de consul général d’Arménie dans la bonne ville de Lyon.

 

En 2008, le géant français de l’assurance, Axa, rachète 37 % de Reso Garantia, alors la deuxième compagnie d’assurances de Russie, pour la somme rondelette de 810 millions d’euros, et Axa fait une promesse d’achat de 100 % dans les années à venir. A l’issue du délai requis, les frères Sarkisov revienent néanmoins sur leur promesse de vente et décident de garder leurs parts majoritaires dans la société Reso, ce qui déclenche un conflit feutré avec l’assureur français. Il faut dire que le montage financier qui avait été élaboré par les frères Sarisov pour organiser cette cession était particulièrement opaque et tortueux…

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Selon Médiapart en effet, ils avaient créé, dès 2006, une société basée à Chypre, Stanpeak, elle-même contrôlée par une autre société off shore immatriculée dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques. Stanpeak a par ailleurs créé une autre société au Luxembourg, RGI Holdings SARL, laquelle contrôle une seconde holding située, elle, aux Pays-Bas, dans laquelle les frères Sarkisov ont logé leurs parts de Reso, via un système complexe de certificats émis par une fondation néerlandaise. C’est de cette holding néerlandaise qu’Axa est devenue actionnaire, tout en prêtant généreusement 1 milliard de dollars aux frères Sarkisov via leur société chypriote Stanpeak, prêt étrange qui aurait été remboursé en 2012…

 

Et voila qu’en 2020, Tracfin, le service de renseignement placé sous l’autorité du Ministère des Finances, s’étonne de voir passer un transfert de 500 000 € depuis le compte de l’oligarque russe Nikolaï Sarkisov vers celui ouvert à la banque Rothschild par l’ancien Président redevenu avocat d’affaire, Nicolas Sarkozy. Un virement qui fait tiquer le service de contrôle financier et sur lequel le milliardaire russe reste assez évasif, expliquant avoir sollicité en 2019 les service de son quasi homonyme pour une prestation de conseil alors qu’une compagnie étrangère cherchait à racheter sa société d’assurance Reso Garantia. Une prestation qui s’élevait quand même à 3 millions d’euros, ce qui en dit long sur l’entregent de notre ancien Président dont les milliardaires du monde entier s’arrachent les conseils qu’il accepte de distiller à prix d’or.

 

Nul ne sait qui était ce mystérieux acheteur présumé, sachant que finalement la transaction n’a pas eu lieu, si bien que personne n’est en mesure de savoir à quoi cette rémunération plutôt généreuse a bien pu servir, d’autant que l’avocat Nicolas Sarkozy n’est pas particulièrement connu pour sa connaissance fine du monde de l’assurance… En revanche, le cabinet d’avocats Claude & Sarkozy, d’ailleurs récemment rebaptisé Realyze, travaille très assidument pour Axa Banque dont il aurait traité plus de 800 dossiers entre 1994 et 2015, des dossiers généralement gérés en direct par l’ancien associé de Nicolas Sarkozy, Arnaud Claude, lequel dirigeait le cabinet jusqu’à sa retraite forcée, juste avant d’être condamné, en octobre 2019, à 3 ans de prison avec sursis pour avoir aidé leur amis commun, Patrick Balkany, à frauder le fisc…

 

Alors pour quelle raison Nikolaï Sarkisov a-t-il bien fait appel à Nicolas Sarkozy en juillet 2019 ? Face au silence obstiné des principaux protagonistes de cette affaire, certains subodorent qu’il s’agissait de revoir le montage financier alambiqué mis en place en 2006 par les frères Sarkisov pour gérer leur participation dans Reso garantia. De fait, ce montage a été entièrement revu quelques mois plus tard, permettant à Axa de devenir directement actionnaire de la Holding luxembourgeoise qui contrôle désormais en direct l’assureur russe. Un déverrouillage qui vaudrait bien un chèque de 3 millions d’euros à l’avocat d’affaire Nicolas Sarkozy, même si l’on n’ose imaginer à quoi peut bien servir un tel montage financier, aussi complexe qu’opaque : le secret des affaires a bon dos…

 

L. V.

Les frères Nikolaï (à gauche) et Sergey Sarkisov (source © Mediapart)

Le château de Saint-Amé, à Ramatuelle, l’une des nombreuses résidences françaises de Nikolaï Sarkisov (source © Lieux de cinéma)

Nikolaï Sarkisov (à droite) avec Gérard Collomb en 2014 lors de l’inauguration du Consulat général d’Arménie à Lyon (source © Bibliothèque municipale de Lyon)

Nikolaï Sarkisov avec sa seconde épouse, Julia Sarkisova, avec qui il a rompu en 2013 (source © Arhub)

Nicolas Sarkozy au Tribunal judiciaire de Paris, en mars 2021, condamné à 3 ans de prison dont 1 an ferme (photo © Anne-Christine Poujoulat / La Montagne)

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