Carnoux citoyenne, écologiste et solidaire

La transparence et la vie municipale
vécue par des élus et un collectif citoyen 
à Carnoux-en-Provence (13)

Blog d'action municipale

13/02/2022

Nucléaire : au cœur du réacteur électoral ?

C'est à nouveau l'un  des points de clivage entre les candidats...

Depuis des années en France, la question du recours à l’énergie nucléaire était un peu tombée aux oubliettes et avait quasiment disparu du paysage des préoccupations politiques. En dehors d’une poignée de  militants dont ceux de l’association Greenpeace qui se mobilisaient périodiquement pour protester contre le relâchement des mesures de sécurité sur les sites des centrales nucléaires, contre les convois de déchets radioactifs ou contre les projets d’enfouissement de ces mêmes déchets, le sujet ne passionnait plus les foules, comme si un consensus national s’était peu à peu installé autour des bienfaits de cette énergie qui alimente, en France, l’essentiel de notre consommation électrique.

 

Alors même que la catastrophe de Fukushima en mars 2011 avait amené le Japon à fermer brutalement toutes ses centrales nucléaires et l’Allemagne à prendre la décision historique d’abandonner totalement le nucléaire d’ici 2022 (les 3 derniers réacteurs encore en activité étant toujours amenés à cesser leur activité d’ici la fin de cette année…), la France avait fait comme si rien n’était et poursuivi la construction du fameux EPR de Flamanville, débuté en 2007 et toujours pas achevé malgré le gouffre financier et le fiasco industriel que représente cette opération peu glorieuse pour le génie industriel national…

 

En 1986, lors de l’accident nucléaire de Tchernobyl, dont les impacts sanitaires avaient touché directement le sol française, l’émoi avait été nettement plus important. Mais là encore, les débats politiques sur la place du nucléaire civil dans le mix énergétique national n’avaient guère agité au-delà de certains cercles militants, contrairement à l’Allemagne où l’événement avait conduit à l’abandon du projet d’une usine de traitement de combustible radioactif en Bavière, ou encore à l’Italie qui avait alors mis fin à son propre programme nucléaire.

Les années 1970 : Nucléaire ? Non merci !

Il faut en réalité remonter aux années 1970 pour retrouver une véritable mobilisation populaire contre le recours à l’énergie nucléaire. A l’époque, on voyait fleurir un peu partout les fameux autocollants jaunes avec ce soleil goguenard qui clamait,  tout sourire, "Nucléaire ? Non merci !". Au tout début des années 1980, les projets de construction de centrales nucléaires mobilisaient encore des manifestations monstres d’opposants, comme à Plogoff où le 12 décembre 1981, le gouvernement socialiste de François Mitterrand avait finalement dû jeter l’éponge et abandonner le projet de construire une centrale nucléaire sur la lande bretonne, près de la Pointe du Raz.

 

Ce projet, décidé en 1974 s’inscrivait alors dans un vaste programme piloté par EDF, alors tout puissant, qui prévoyait de couvrir la France de pas moins de 400 réacteurs nucléaires, avec en général l’appui enthousiaste des élus locaux qui voyaient s’amasser une véritable manne d’argent public, permettant de construire, à proximité des centrales nucléaires, lotissements neufs, équipements sportifs surdimensionnés, salles des fêtes, piscines et voiries éclairées à gogo. Une manne à laquelle le maire de Plogoff n’avait pas été sensible, préférant, en accord avec son conseil municipal, brûler spectaculairement le dossier d’enquête publique sur la place de la mairie, donnant ainsi le signal d’une véritable révolte populaire au cours de laquelle on a vu les grands-mère bigouden aux gendarmes mobiles puis aux parachutistes dépêchés en renfort de Paris...

Manifestation en 2011 à Saint-Vulbas, réclamant la fermeture de la centrale nucléaire de Bugey (source © France 3 Rhône-Alpes)

L’EPR de Flamanville, toujours en chantier depuis 2007

(source © Eco CO2)

Ce projet, décidé en 1974 s’inscrivait alors dans un vaste programme piloté par EDF, alors tout puissant, qui prévoyait de couvrir la France de pas moins de 400 réacteurs nucléaires, avec en général l’appui enthousiaste des élus locaux qui voyaient s’amasser une véritable manne d’argent public, permettant de construire, à proximité des centrales nucléaires, lotissements neufs, équipements sportifs surdimensionnés, salles des fêtes, piscines et voiries éclairées à gogo. Une manne à laquelle le maire de Plogoff n’avait pas été sensible, préférant, en accord avec son conseil municipal, brûler spectaculairement le dossier d’enquête publique sur la place de la mairie, donnant ainsi le signal d’une véritable révolte populaire au cours de laquelle on a vu les grands-mère bigouden aux gendarmes mobiles puis aux parachutistes dépêchés en renfort de Paris...

 

Quelques années auparavant, en 1977, c’était le projet de surrégénérateur Superphénix qui mobilisait contre lui des foules de militants écologistes avec notamment une manifestation rassemblant plus de 60 000 personnes en juillet 1977 sur le site de Creys-Malville, avec de violents affrontements avec les forces armées, qui causeront d’ailleurs la mort d’un militant. Ces mouvements anti-nucléaires, qui s’étaient illustrés dès avril 1971 en organisant une marche contre le projet de construction de la centrale de Fessenheim, sont alors directement issus des milieux pacifistes qui luttent depuis plusieurs années déjà contre l’armement militaire nucléaire, avec des mouvements comme le Groupe d’action et de résistance à la militarisation, mené notamment par Théodore Monod.

Manifestation anti-nucléaire sur le site de Plogoff en 1980 (photo archives © Eugène Le Droff / Le Télégramme)

Né après la guerre, en réaction aux bombardements américains de Hiroshima et Nagasaki, sous la caution d’éminents scientifiques comme Frédéric Joliot-Curie qui lance dès 1950 l’Appel de Stockholm en vue d’interdire le recours à l’arme nucléaire, ces mouvements alimentent d’autant plus naturellement les rangs des opposants au nucléaire civil qu’à l’époque les deux programmes étaient très intimement liés et que le développement des centrales nucléaires à uranium appauvri favorisait en réalité le risque de prolifération nucléaire et de banalisation du recours à la bombe atomique. Des arguments renforcés ensuite par une réflexion sur le risque lié à la sécurité des installations nucléaires elles-mêmes et à la gestion dans le temps des déchets radioactifs, un processus toujours aussi mal maîtrisé.

 

Alors que de nombreux pays ont peu à peu abandonné le recours à l’énergie nucléaire comme source de production d’électricité, la France fait un peu figure d’exception avec, en 2020, encore plus de 67 % de l’électricité produite d’origine nucléaire, et 37 % de l’énergie primaire consommée issue de l’atome, un record mondial sachant que cette part est en moyenne de 4 % dans le monde !

Six nouveaux réacteurs nucléaires EPR d'ici 2050 ?

Mais voilà qu’après des années de relative indifférence vis à vis de cette énergie nucléaire dont les Français ont largement profité, laissant peu à peu vieillir leur parc de 56 réacteurs nucléaires, répartis sur 18 sites, le fermeture en 2020 des deux réacteurs de Fessenheim, décidée par François Hollande, et les déboires du chantier de Flamanville avec ses retards et ses surcoûts accumulés, ont remis progressivement le sujet dans le débat, au point de venir s’inviter dans la campagne des présidentielles 2022. Le président sortant vient justement d’annoncer, à deux mois du scrutin, sa volonté de faire construire, d’ici 2050 six nouveaux réacteurs nucléaires EPR et en envisage même huit supplémentaires, complétés par de petits réacteurs modulables de plus faibles capacités, tout en voulant prolonger au delà de 50 ans la durée de vie des réacteurs actuellement en service.

L. V.

Emmanuel Macron sur le site de General Electric à Belfort, annonçant le 10 février 2022 la relance du programme nucléaire français (photo © JF Badias / Reuters / Courrier International)

Un tel positionnement en faveur de la relance d’un vaste programme d’investissement nucléaire, est d’ailleurs assez conforme à ce que prônent plusieurs autres candidats depuis le communiste Fabien Roussel jusqu’à la candidate frontiste Marine Le Pen en passant par la LR Valérie Pécresse. A l’extrême droite, on va même encore plus loin puisque le Rassemblement national veut carrément rouvrir la centrale de Fessenheim, tandis que Eric Zemmour souhaite prolonger la vie des réacteurs à 60 ans au moins et construire 14 réacteurs EPR d’ici 2050, exigeant l’abandon total de l’énergie éolienne.

 

Des positions qui vont complètement à rebours du scénario préconisé par l’association négaWatt qui vise à atteindre la neutralité carbone de la France d’ici 2050 avec un mix énergétique issu à 96 % de sources renouvelables. Une vision que l’on retrouve en grande partie dans les propositions du candidat écologiste Yannick Jadot, lequel prône également un abandon progressif du nucléaire couplé à une forte augmentation du recours aux énergie renouvelables. Une position largement partagée par les autres candidats de gauche, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Christiane Taubira, qui tous visent une sortie complète du nucléaire d’ici 2045 à 2050. Contre toute attente, la question du nucléaire fait donc de nouveau partie des points de clivage de la nouvelle campagne électorale...

 

L. V.

Explosion d’une bombe atomique dans le désert du Nevada en 1957 (source © Getty / France Culture)

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18/02. 0:11 Giono
Étrangement, dans votre article sur le nucléaire, vous éludez la solution de la fusion.
C'est pourtant ici, dans notre région, que se fait ITER.
La fusion est propre. N'a rien à voir avec la fission. Pas de danger d'emballement. C'est sans doute l'avenir.

20/02. 15:21 LV (réponse de l'auteur de l'article)
Effectivement, le projet ITER est en cours dans notre région mais il ne faut pas oublier que c'est un projet de recherche, dont la construction n'est même pas encore terminée. Autrement dit, même si l'approche scientifique est en effet intéressante et présente de nombreux avantages théoriques sur la fission, la fusion ne reste pour l'instant qu'un rêve dont on ignore quand il se concrétisera. Une chose est sûre : si on doit compter sur le projet ITER pour développer le process, nous serons tous morts avant que l'on puisse seulement envisager la construction d'une filière industrielle basée sur ce principe. Certes, les Chinois ont pris beaucoup d'avance sur le sujet, mais ils en restent aux aussi à un stade purement expérimental pour l'instant. Compter sur la fission pour organiser notre transition énergétique ne serait donc pas très raisonnable...

22/02. 00:32 Lucien Rousset
Il faut remplacer le nucléaire par du gaz...

22/02. 09:37 J. Boulesteix
L'article indique bien que la fusion nucléaire est une solution industrielle à échelle de quelques décennies. Elle ne doit pas être négligée pour autant. Nous avons à faire face à deux défis : décarboner pour ralentir le réchauffement climatique et dénucléariser pour résoudre les problèmes de sécurité et de déchets durables. Il faut donc supprimer à terme les centrales brûlant des produits carbonés (fuel, charbon, gaz, bois, …) ainsi que les centrales à fission (EPR par ex.)…. en attendant sans doute la fusion car le photovoltaïque et l'hydrolien ne peuvent assurer qu'une partie des besoins à venir, notamment en raison du passage aux véhicules électriques.. Les énergies su soleil et du vent sont indispensables, mais vous avez tout à fait raison d'insister sur l'importance future de l'énergie de fusion.

18/02/2022

Sinistres sécheresse : la Cour des Comptes s’en mêle… 

Fissuration d’une maison sous l’effet du retrait-gonflement des sols argileux, dans le Nord de la France (© Cour des Comptes)

Zonage réglementaire du PPR retrait-gonflement des sols argileux de Carnoux-en-Provence (© Préfecture des Bouches-du-Rhône)

Carte actualisée d’aléa retrait-gonflement des sols argileux de Carnoux-en-Provence (© georisques)

Contrairement à d’autres phénomènes naturels comme les séismes, les inondations, les coulées de boue ou les éboulements de falaises rocheuses par exemple, les mouvements de terrain liés au retrait-gonflement des sols argileux sont plus insidieux car ils évoluent lentement dans le temps, au fil des saisons, mais peuvent finir par faire des dégâts importants.

 

La sécheresse expose les maisons à des risques de fissures, de déformation et de même destruction

Un sol argileux présente en effet, selon la nature des minéraux qu’il renferme, la caractéristique d’absorber, par infiltration naturelle, des quantités d’eau qui le font gonfler, à la manière d’une éponge. Inversement, en période sèche, l’évaporation naturelle et surtout l’effet de la végétation dont les racines vont pomper l’eau du sol par capillarité, amène ce type de sol à se rétracter progressivement. Un tel phénomène n’est pas perceptible à l’œil nu. Mais lorsqu’une structure rigide comme une maison est posée sur ce type de sol, elle est soumise à ces mouvements saisonniers qui, à la longue, finissent par la fragiliser, provoquant l’apparition de fissures et de déformations, pouvant aller jusqu’à la ruine du bâtiment.

 

En effet, ces tassements du sol d’assise sont rarement homogènes, ne serait-ce que parce que le sol reste plus humide sous la maison qu’à sa périphérie. Pour un peu que le sol d’assise soit hétérogène, ce qui est très fréquent, l’amplitude des mouvements sera variable d’un point à un autre et la maison, si elle n’est pas assez solide, aura bien du mal à résister à ces tassements différentiels. Si en plus on a eu la mauvaise idée de planter des arbres à proximité, l’assèchement du sol sera amplifié dans la zone d’influence de leur système racinaire, et le risque de tassement différentiel est alors maximal.

 

Bien entendu, si la maison a été bien construite, ancrée suffisamment en profondeur, là où les différences d’humidité sont faibles, et suffisamment rigidifiée avec des chaînages en béton armé à chaque niveau et autour des ouvertures, il ne se passera rien et la construction encaissera sans dommage ces tassements différentiels du sol d’assise. Mais trop souvent, surtout pour des maisons individuelles construites à l’économie, on se contente de fondations très superficielles, aux armatures mal liaisonnées, et les mesures élémentaires de respect des règles de l’art sont loin d’être toujours bien observées.

 

La sécheresse a coûté aux bâtiments 14 milliards d'euros en 30 ans

C’est pourquoi on assiste, depuis des années, à une forte augmentation des sinistres liés à ce phénomène de retrait-gonflement des sols argileux, la plupart des désordres se manifestant pendant les périodes de sécheresse, lorsque les sols se tassent, et les dégâts se poursuivant ensuite à chaque nouveau cycle de dessiccation/humidification. Indemnisés en France depuis 1989 au titre du régime des catastrophes naturelles, ces sinistres ont déjà coûté la bagatelle de 13,8 milliards d’euros en 30 ans et représentent en moyenne 36 % des indemnisations versées dans ce cadre, juste derrière le risque inondation.

 

Chaque année, 6000 communes demandent la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour faits de sécheresse

Chaque année, désormais, des milliers de communes font une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour des sinistres sécheresse : plus de 6000 communes par exemple pour la seule année 2019, et presque autant en 2018 ! Toutes les régions de France sont concernées, même si certaines sont davantage touchées selon la nature géologique des sols et selon les conditions climatiques. Une cartographie nationale des zones les plus exposées a été dressée par le BRGM (service géologique national) entre 1997 et 2010, actualisée en 2018, qui considère que 48 % du territoire métropolitain est exposé à un aléa fort ou moyen.

En région PACA, 90% des maisons sont exposées au risque de sécheresse

Or on dénombre plus de 10 millions de maisons individuelles, soit plus de la moitié du parc de maisons individuelles françaises, sur ces zones a priori les plus exposées. En région PACA, ce sont même 90 % des maisons individuelles qui se situées sur ces zones d’aléa moyen à élevé ! Et avec le réchauffement climatique, toutes les projections montrent que l’intensité et la fréquence des périodes de sécheresse est en train d’augmenter, ce qui va se traduire immanquablement par une forte augmentation de la sinistralité dans les années à venir. Les assureurs ont fait tourner leurs modèles et estiment que pour les 30 prochaines années, le coût des dommages à indemniser dans ce cadre pourrait atteindre 43 milliards d’euros, plus de trois fois plus qu’au cours des 30 dernières années…

 

Le fait que la carte d’aléa qui avait alors servi de base à l’élaboration de ce PPR ait évolué depuis ne facilite certes pas la compréhension d’une politique de prévention qui reste encore très insuffisante comme le reconnaît bien volontiers la Cour des Comptes. On sait pourtant depuis des années comment construire sans risques sur des sols argileux, mais trop souvent les constructeurs passent outre les mesures préventives, comptant sur le fait que leur responsabilité n’est de fait engagée que durant les 10 ans de la garantie décennale alors que, bien souvent, les dommages n’apparaissent que plus tard, après plusieurs cycles de sécheresses et ré-humidification.

 

Pour les propriétaires, un véritable parcours du combattant...

Les propriétaires des maisons ainsi impactées se retrouvent alors face à un véritable parcours du combattant pour tenter de se faire indemniser les dommages qui apparaissent au fil du temps et dont les réparations peuvent coûter très cher lorsqu’il s’agit de reprendre les fondations en sous-œuvre. La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle est une condition nécessaire pour prétendre à une telle indemnisation, sous réserve d’une expertise favorable et après déduction d’une franchise qui s’élève quand même à 1520 € pour ce type de sinistre. Mais cette reconnaissance ne va pas de soi puisque moins de 50 % des demandes reçoivent une réponse favorable, sur la base de critères météorologiques par nature très difficiles à élaborer et du coup fortement contestés.

 

Pour le risque sécheresse comme pour beaucoup d’autres, il vaut toujours mieux prévenir que guérir, car les surcoûts occasionnés par une construction initiale selon les règles de l’art sont infimes par rapport à ceux d’une réparation après sinistre, mais la prévention des risques reste bien difficile à intégrer : sans doute l’esprit humain est-il trop joueur pour accepter de se plier de bonne grâce aux règles de prudence élémentaires ?

 

L. V.

Carte nationale d’aléa retrait-gonflement des sols argileux actualisée en 2018 (© BRGM)

En mieux comprendre

Schéma de principe des mesures à respecter pour construire sur sol argileux (source © BRGM / repris par le Moniteur)

Schéma de principe des tassements différentiels liés au retrait-gonflement des sols argileux (source © BRGM / ORRM PACA)

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2 commentaires

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22/02. 22:44 Mr X
Jusqu'à présent, pour les BdR, c'est plutôt les innondations qui ont été reconnues catastrophes naturelles. - la Bouilladisse et Peypin (arrêté du 22 nov 2021) - Septèmes (17 janv 2022)
La sécheresse semble moins grave ?

23/02. 21:29 L.V. (auteur de l'article)
Effectivement, les dernières reconnaissances de l'état de catastrophe naturelles dans le département, y compris à Carnoux-en-Provence, concernent plutôt les récentes pluies du 4 octobre 2021. Mais, sans remonter très loin dans le temps, pas moins de 51 communes des Bouches-du-Rhône avaient été reconnues pour la sécheresse en 2016, à nouveau 6 en 2017, encore 11 en 2018, puis 13 pour l'année 2020, etc... L'effet du retrait-gonflement des sols argileux est heureusement moins spectaculaire et moins meurtrier que celui des inondations, mais les dégâts matériels et psychologiques sont considérables !

Cet article a été publié sur le
blog du Cercle Progressiste Carnussien

03/02/2022

Jean-Pierre Giorgi toujours fan de Nicolas Dupont-Aignan

Ici se trouvait une image photographie basse résolution provenant de l'AFP. Malgré la mention du copyright, cette photographie a fait l'objet, le 12/7/2022, d'une réclamation de la société de Copyright Trolling PICSRIGHTS, souvent contestée et située à l'étranger, qui nous réclamait 1612 € (!) alors qu'elle n'est elle-même pas titulaire des droits d'auteur.

Nous avons donc retiré immédiatement cette photo. Après avoir pris un conseil juridique, le suivi a été transmis à un cabinet spécialisé d'avocats luttant contre ce genre de pratiques abusives qui cible hélas particulièrement les associations à but non lucratif...

En 2017, Nicolas Dupont-Aignan se voyait déjà Premier ministre de Marine Le Pen (photo © Geoffroy Van der Hasselt / AFP / L’Express)

Un dessin signé Deligne, publié dans Nice Matin

Un dessin signé Man, publié dans le Midi libre

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La parole est à vous...

A un peu plus d’un mois du premier tour des présidentielles, la course aux parrainages est sur le point de se terminer. Vendredi 4 mars à 18 heures, seuls les candidats disposant de leurs fameuses 500 signatures, pourront donc se présenter. Et comme à chaque élection, on a entendu les mêmes polémiques de candidats se plaignant du caractère discriminatoire de ce filtre qui empêcherait certains de concourir à l’élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour ou encore Marine Le Pen, pourtant crédités d’un score plus qu’honorable dans les sondages et qui tous ambitionnent d’atteindre le second tour de cette élection, ont ainsi eu des sueurs froides pour boucler leur liste de soutiens.

 

42000 parrains possibles

La règle n’est pourtant pas nouvelle puisqu’elle date de 1962, lorsqu’il a été décidé que le Président de la République serait élu au suffrage universel. Le seuil initial avait d’ailleurs été fixé à 100 signatures seulement, puis porté à 500 en 1976 au vu du nombre pléthorique de 12 candidatures enregistrées en 1974 ! Mais la liste des élus habilités à fournir leur parrainage a aussi été revue et dépasse désormais les 42 000 : députés, sénateurs, élus au Parlement européen, maires (y compris les maires d’arrondissement), conseillers départementaux et régionaux, cela fait en effet beaucoup de monde.

 

Au point que l’inénarrable Jean Lassalle, crédité au mieux de 1,5 % des intentions de vote, fanfaronne en estimant qu’il s’agit d’une simple formalité et se moque allègrement de ses concurrents à la peine en déclarant : « si on n’est pas capable d’avoir 500 signatures sur un panel de 42 000 élus, alors on n’a rien à faire dans cette compétition »...  

 

De fait, alors même que le recueil des formulaires se poursuit encore pendant quelques jours, 10 candidats déclarés ont d’ores et déjà dépassé la barre fatidique. Certains, comme Valérie Pécresse, forte des milliers d’élus locaux étiquetés LR, survolent même le jeu avec bientôt 2500 signatures en sa faveur, de même que la socialiste Anne Hidalgo avec ses 1318 formulaires validés au 1er mars tandis que le chef de l’État sortant, bien que toujours pas déclaré candidat à sa succession mais ultra favori des sondages, en aligne 1785 à la même date. Même des candidats pourtant aussi marginalisés que Nathalie Artaud, la représentante de Lutte ouvrière, n’a eu aucun mal à obtenir ses 568 signatures, et ceci bien avant Jean-Luc Mélenchon : comprenne qui pourra…

 

Le parrainage est un acte individuel des élus

Il faut dire que ces formulaires de parrainage, qui correspondent à un acte individuel des élus, ne valent pas forcément soutien politique. Nombre d’élus le revendiquent d’ailleurs ouvertement, à la manière de François Bayrou qui dit apporter son parrainage à Marine Le Pen, estimant que la démocratie serait écornée si celle que les sondages placent actuellement en deuxième place des intentions de vote devait être empêchée de se présenter. Jean-Luc Mélenchon lui-même, a utilisé son statut de député pour parrainer son adversaire du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou. Mais ce sera sans doute insuffisant pour repêcher ce dernier qui rame encore très en deçà du seuil fatidique, de même d’ailleurs que la finaliste de la Primaire populaire, Christiane Taubira, partie très tardivement à la pêche aux soutiens.

 

La liste des parrainages, désormais publique depuis 2016 et consultable sur le site du Conseil constitutionnel, où elle a été mise à jour deux fois par semaine durant toute la campagne, montre d’ailleurs que bien des parrainages se sont dispersés, parfois au bénéfice d’illustres inconnus ou de non-candidats avérés comme Michel Barnier, François Hollande ou encore Thomas Pesquet. Cette liste révèle aussi qu’à peine un élu sur quatre a pris la peine de remplir et de renvoyer son formulaire de parrainage, ce qui montre que l’abstention n’est pas réservée aux seuls citoyens de base...

123 parrains seulement dans les Bouches-du-Rhône

Ainsi, dans les Bouches-du-Rhône, seuls 123 élus ont joué le jeu. Marine Le Pen tire bien son épingle du jeu avec 15 parrainages dans ce département, presque le double d'Éric Zemmour, tandis que Emmanuel Macron en récolte plus de 30 et Valérie Pécresse près de 40. Le communiste Fabien Roussel bénéficie de 13 parrainages quand Jean-Luc Mélenchon n’en engrange que 2, tout comme Christiane Taubira qui bénéficie de celui du Maire de Marseille en personne, Benoît Payan.

 

Jean-Pierre Giorgi a préféré Dupont-Aignan à Pécresse

Curieusement, comme en 2017, on constate que le maire de Carnoux, Jean-Pierre Giorgi, n’a pas accordé son parrainage à Valérie Pécresse comme l’ont fait tous les élus locaux de droite du secteur, de Bernard Deflesselles à Danielle Milon, en passant par Gérard Gazay ou Sophie Joissains. Comme en 2017, c’est à Nicolas Dupont-Aignan, le député de l’Essonne, président du mouvement nationaliste Debout la France, qu’il a fourni son précieux sésame pour l’élection présidentielle.

 

Dupont-Aignan, un allié de Marine Le Pen...

Entre les deux tours de la dernière élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, avait pourtant éberlué la France entière en annonçant son ralliement opportuniste à Marine Le Pen, laquelle avait confirmé dès le lendemain qu’elle le nommerait Premier ministre en cas de victoire du Rassemblement national au second tour. On aurait donc pu penser qu’un tel positionnement à l’extrême droite aurait quelque peu refroidi notre maire, lequel se positionnait alors ouvertement comme soutien du candidat LR François Fillon, n’hésitant pas à déclarer en novembre 2016 à un journaliste du Monde qu’il n’était « pas du tout de gauche, pas du tout d’extrême droite » et qu’il envisageait « d’appuyer François Fillon à la primaire ».

 

Il s’en était d’ailleurs expliqué cet été avec Cristele Chevalier et Jacques Boulesteix, alors élu de la liste Carnoux citoyenne, écologiste et solidaire, reconnaissant que « c’est un type sympathique, rencontré par hasard, par l’intermédiaire d’un Carnussien », à qui il a apporté son parrainage tout en l’avertissant qu’il ne votera pas pour lui. Un positionnement un peu particulier mais que Jean-Pierre Giorgi assume sans complexe, considérant que cela relève de la stratégie politique la plus élémentaire, quoi qu’en pensent ses propres électeurs, sur la base du raisonnement suivant : de toute façon, il ne passera pas, mais il peut pomper des voix à Le Pen, c’est pour ça que je l’ai parrainé.

 

Des paroles contradictoires

Il faut donc se méfier du parrainage des hommes politiques qui ne vaut pas approbation, loin s’en faut, puisque le maire de Carnoux l’affirme avec force : « Jamais je ne voterai Dupont-Aignan, pas plus que Marine Le Pen ou Eric Zemmour ». Ce qui ne l’empêche donc pas de redonner, cette année encore, son parrainage au leader de Debout la France, dont on ne sait d’ailleurs plus très bien ce qui le distingue vraiment de ses concurrents d’extrême-droite.

 

Mais après tout, puisque c’est un « type sympathique » et que le but est d’affaiblir le vote en faveur de Marine Le Pen, pourquoi chercher plus loin ? De mauvais esprits pourraient certes arguer que ce genre d’attitude tacticienne vient quelque peu dévaloriser la crédibilité de nos élus et renforcer la défiance des citoyens, mais quand on a le culte de la performance, comme le revendique notre maire, il est bien connu que la fin justifie les moyens !

 

L. V.

Cet article a été publié sur le
blog du Cercle Progressiste Carnussien

10/02/2022

ITER : y a t-il un risque de dérapages ?

Le projet ITER, de réacteur thermonucléaire expérimental international, initié depuis 2006 sur le site de Cadarache, dans le nord des Bouches-du-Rhône, à une quarantaine de kilomètres d’Aix-en-Provence, est souvent présenté comme l’un des plus ambitieux projets de recherche internationaux, comparable à celui de la Station spatiale internationale. Rassemblant pas moins de 35 nations, dont l’Europe, les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud ou encore le Japon, le projet consiste ni plus ni moins qu’à mettre en œuvre un vieux rêve prométhéen qui consiste à reconstituer expérimentalement les conditions de la fusion thermonucléaire contrôlée dans une sorte de soleil miniature.

 

Un soleil miniature

Une miniature toute relative d’ailleurs car tout est gigantesque sur ce site de 42 ha équipé d’un bâtiment-réacteur pesant 440 000 tonnes, soit 40 fois le poids de la Tour Eiffel ! Le mélange deutérium-tritium doit y être porté à une température dépassant les 150 millions de °C, soit 10 fois la température qui règne dans notre soleil ! Ce plasma profondément instable devra être maintenu en fusion sous une pression énorme dans une chambre torique, le tokamak, équipée d’aimants supraconducteurs permettant de générer un champ magnétique colossal. Le plasma qui s’y formera est une sorte de soupe dans laquelle les atomes voient leurs noyaux s’individualiser, permettant leur fusion pour créer de l’hélium, ce qui libère une énergie considérable, les neutrons venant irradier l’enceinte du réacteur qui emmagasine l’énergie thermique ainsi créée. Le principe est le même que celui de la bombe H que les États-Unis ont fait exploser pour la première fois en 1952, sauf qu’ici la fusion thermonucléaire est supposée être contrôlée et maîtrisée.

 

Un dispositif expérimental doté d'un budget expérimental...

Mais, comme tout projet expérimental, rien ne se passe exactement comme prévu… ITER devait initialement être mis en service en 2020 pour un coût global qui avait été estimé à 4,5 milliards d’euros. Lors du lancement effectif du projet, en 2006, le coût prévisionnel avait déjà été réévalué à 10 milliards d’euros, et on l’estime désormais à 44 milliards d’euros dont 20 milliards apportés par l’Union européenne. Les Américains, plus réalistes, le chiffrent même à 54 milliards d’euros en y intégrant son coût de fonctionnement et de démantèlement, une fois l’expérience achevée.

 

Car tout ceci n’est qu’un dispositif expérimental, destiné, au mieux, à démontrer, vers 2035 si tout va bien, une fois achevé l’assemblage du tokamak et après s’être assuré de sa parfaite étanchéité, la capacité à produire effectivement de l’énergie par fusion thermonucléaire contrôlée. Il restera ensuite à passer à la phase du démonstrateur, dont la construction est d’ores et déjà prévue au Japon et dont on espère la première production vers 2050, avant d’envisager ensuite, peut-être, le passage au stade industriel avec la réalisation des premiers prototypes.

 

Des inertitudes techniques

Bref, la fourniture d’électricité à base de fusion thermonucléaire n’est pas pour demain, et certains se demandent même si elle existera un jour. Pour que le dispositif présente un intérêt, il faut en effet que l’énergie produite, à savoir une puissance de 500 MW escomptée pour ITER, soit très supérieure à celle nécessaire pour alimenter le dispositif. Or cette puissance pour les tirs de plasma est évaluée à 50 MW, ce qui représente en effet un ratio particulièrement favorable. Sauf que la puissance totale consommée par l’installation, du fait de son fonctionnement global et des pertes énergétiques, est en réalité plutôt comprise entre 300 et 500 MW qui devront dont être injectés depuis le réseau, ce qui fait douter certains scientifiques de l’intérêt même du procédé…

 

Ces chiffres, relevés notamment par Reporterre, sont issus directement des données communiquées lors du débat public organisé en 2006, qui précisait que la machine consommera 120 MW en régime de veille puis montera à 620 MW pour chauffer le plasma et redescendra à 450 MW pendant la phase principale de l’opération (prévue pour durer quelques minutes seulement) : des puissances effectivement très proches de la production escomptée et auxquelles il faudra ajouter tout le reste de l’installation environnante. A titre indicatif, une puissance de 600 MW correspond sensiblement aux besoins en électricité d’une agglomération comme Aix-en-Provence.

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Un impact invironnemental significatif pour la construction

Outre cette question de fond, certains s’interrogent sur l’impact environnemental d’une telle filière pourtant classiquement présentée comme exempte de tout déchet nucléaire. A titre d’exemple, les 10 000 tonnes des aimants supraconducteurs prévus pour ITER (sans parler donc d’une éventuelle exploitation industrielle à venir) nécessitent à eux-seuls 450 tonnes de niobium, un métal rare extrait pour l’essentiel de quelques mines en Amazonie brésilienne, soit 20 % de la production mondiale actuelle ! La production mondiale d’alliage niobium-étain a d’ailleurs dû être multipliée par 6 pour les seuls besoins d’ITER…

 

Autre point d’inquiétude : le recours massif au béryllium, un métal réfractaire excellent conducteur thermique et ultra résistant, choisi pour recouvrir toute la paroi interne du Tokamak, au contact direct avec le plasma thermonucléaire. Un choix qui interroge quand on sait que ce matériau naturel est l’un des plus toxiques, comparable à l’arsenic et au mercure, fortement cancérigène et s’accumulant à long terme dans l’organisme humain. Alors que la consommation mondiale est de l’ordre de 300 t/an, on a prévu d’en utiliser pas moins de 12 tonnes sur le site d’ITER ! Et cette couverture de béryllium exposée au bombardement de neutrons va s’user rapidement, ce qui suppose d’évacuer, après chaque expérience, la poussière de béryllium fortement radioactive et par ailleurs explosive. Des aspirateurs géants sont imaginés pour cela, conduisant ces poussière dans un four avant de les agglomérer à du ciment pour les fixer dans des fûts.

 

Un choix technique qui a conduit la toxicologue américaine Kathryn Creek, experte du béryllium, à démissionner d’ITER en février 2020, après avoir tenté en vain de faire évoluer vers davantage de sécurité la conception des cellules où seront traités à la fois les poussières de béryllium irradié et le tritium radioactif. Et elle n’est pas la seule à se heurter ainsi à une sorte d’aveuglement qui semble caractériser le management de ce projet scientifique. Entendu le 28 février 2022 par la Commission de contrôle budgétaire du Parlement européen, l’ex-directeur de la communication d’ITER, Michel Claessens, s’est ainsi montré très critique, estimant, selon Reporterre, que « l’organisation ITER a instauré un mode de management par la peur », évoquant notamment le suicide, en 2021, d’un ingénieur italien de 38 ans au sein de l’agence Fusion 4 Energy qui coordonne le projet, ainsi qu’une tentative de suicide et deux décès par crise cardiaque sur le site même.

 

Ces accusations sont plutôt inquiétantes car elle mettent en avant un climat qui empêche toute tentative d’alerte de la part des experts de haut niveau qui interviennent sur ce site expérimental. Les interrogations portent en particulier sur l’étanchéité réelle du bouclier de protection situé autour du tokamak, dont l’efficacité serait moindre que prévu. Un point d’autant plus crucial que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a constaté, lors d’une inspection en juillet 2021, des falsifications portant sur les certifications des soudures effectuées sur la chambre à vide du réacteur. Fin janvier 2022, le journaliste américain Steven Krivit, révélait d’ailleurs que les travaux d’assemblage étaient interrompus à la demande de l’ASN qui jugeait que « la maîtrise de la limitation de l’exposition aux rayonnements ionisants, enjeu majeur pour une installation de fusion nucléaire », n’était pas démontrée.

 

 

Où l’on voit que les projets scientifiques, même les plus prometteurs et les plus collaboratifs, ne sont pas exempts de doute quant à la manière dont ils sont mis en œuvre…

L. V.

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La parole est à vous...

Vue aérienne du site d’ITER à Saint-Paul-les-Durance en 2020 (© drone Riche / France 3)

Extraction de niobium à Araxà dans le Minas Gerais au Brésil (source © Revista Decifra-me / Global voice)

Assemblage d’éléments de la future chambre à vide en août 2021 (source © ITER Organization / CERN courrier)

Schéma de principe du tokamak d’ITER : vue en coupe montrant la chambre à vide, le cryostat et les bobines de champ magnétique (source © ITER / The Conversation)

Un dessin signé Red (source © L’Âge de faire)

23/03/2022

Martine Vassal, nouvelle réfugiée politique ?

Alors que l’invasion russe se poursuit en Ukraine et que femmes et enfants fuient en masse ce pays pour tenter de se mettre à l’abri, les collectivités territoriales rivalisent d’imagination, une fois n’est pas coutume, pour exprimer leur solidarité et faciliter l’aide à ces réfugiés. Des actions fleurissent un peu partout pour susciter la générosité du public et recueillir matériels et produits de première nécessité destiné à être acheminés au plus près des zones frontalières tandis que les initiatives se multiplient pour accueillir le plus dignement possible ces familles qui fuient la guerre.

 

La Ville de Marseille est en pointe dans ce combat, qui a organisé rapidement une collecte ouverte aux habitants et ouvert un gymnase pour faciliter l’accueil des réfugiés ukrainiens venant chercher refuge auprès de connaissances ou pris en charge par les services de l’État dans des établissements hôteliers ou des hébergements temporaires.

 

Une solidarité qui s’est exprimée fortement en introduction du dernier conseil municipal en date, le 4 mars 2022. Le maire d’Odessa, Gennadiy Trukhanov, s’y est exprimé par vidéo auprès de l’assemblée, dans un discours émouvant rappelant que sa ville est jumelée depuis 50 ans à Marseille et remerciant les Marseillais pour leur élan de générosité et leur soutien infaillible, que son homologue, Benoît Payan a réaffirmé avec solennité après avoir fait copieusement applaudir le courage des Ukrainiens déterminés à résister à l’invasion russe.

 

Les différents ténors de l’assemblée municipale se sont tous exprimés dans une belle unanimité pour confirmer ce soutien partagé au peuple ukrainien assiégé, dont le drapeau flottait d’ailleurs dans l’hémicycle aux côtés de ceux de la France et de l’Europe. La présidente du Département et de la Métropole, Martine Vassal, arborant elle-même ce drapeau en pin’s au revers de sa veste, y est allé de son discours empreint de gravité sur cette « situation exceptionnelle qui s’impose à nous », cette « menace pour la stabilité européenne », appelant à « faire preuve d’unité au-delà de nos différences politiques » et à « faire corps » tout en se présentant comme une « résistante » déterminée.

 

Une belle envolée lyrique, destinée en réalité à introduire une annonce toute personnelle, puisqu’il s’agissait pour elle de profiter de cet instant solennel pour déclarer tout simplement qu’elle se rangeait aux côtés d’Emmanuel Macron dans la perspective des élections à venir ! Partant du principe que « le Président de la République a su faire preuve de lucidité et d’anticipation au travers de sa gestion de la crise », et reconnaissant que « le Président ne nous a pas oublié, avec le plan Marseille en grand », Martine Vassal annonce tout bonnement, sous les huées de ses pairs : « Alors, oui, j’ai donc décidé de soutenir Monsieur Emmanuel Macron à la Présidence de la République ».

Reconnaissant ainsi faire fi de ses « convictions politiques » et même de ses « amitiés personnelles », la présidente de la Métropole n’hésite donc pas à tourner publiquement sa veste dans un hémicycle où elle annonce avec fierté siéger « depuis 21 ans », toujours sous les mêmes couleurs politiques, tout simplement parce que « on ne change pas un capitaine pendant la tempête ». A se demander même d’ailleurs s’il est encore bien raisonnable, au vu de la gravité de la situation, d’oser encore envisager des élections présidentielles dans un tel contexte !

 

Les démocrates sincères reconnaîtront sans conteste dans cette déclaration spectaculaire et ce ralliement téléphoné, bien que quelque peu hors de propos dans une telle instance, un acte de résistance extraordinairement courageux à quelques semaines d’une élection jouée d’avance dans laquelle tous les sondages annoncent le président sortant réélu dans un fauteuil, tandis que la championne LR, Valérie Pécresse, est en perdition dans les sondages…

 

Bien entendu, une telle annonce a quelque peu perturbé le déroulement de ce conseil municipal, en partie déserté par les élus LR absorbés par ce petit cataclysme dans le microcosme. Le positionnement de Martine Vassal est d’ailleurs ambigu puisqu’elle affirme : « je ne vois pas pourquoi je quitterai LR » tout en annonçant sa démission de ses fonctions de présidente de la fédération de ce parti dans les Bouches-du-Rhône, position qui lui a permis de peser sur les investitures LR aux prochaines législatives.

Les instances du parti Les Républicains voient bien sûr les choses d’un œil un peu différent et considèrent donc qu’elle s’est auto exclue, Christian Jacob désignant dans la foulée l’ancien maire de Rognac, le sénateur Stéphane Le Rudulier, un proche d’Eric Ciotti, pour reprendre en main la Fédération locale. Martine Vassal se débarrasse ainsi à bon compte de ses anciennes attaches un peu encombrantes avec un parti LR largement discrédité, pour rejoindre avec le même enthousiasme que ses anciens camarades Renaud Muselier, Christian Estrosi, Hubert Falco ou encore Lionel Royer-Perreaut, l’étoile Emmanuel Macron au firmament de sa gloire.

 

Un positionnement qui s’est concrétisé dès le samedi 12 mars 2022, à l’occasion du grand meeting organisé à Marseille par la majorité présidentielle, sans le grand homme lui-même, retenu par la gestion des menues affaires du Monde, mais en présence de son Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de passage localement pour poser la première pierre d’un commissariat de quartier dans un terrain vague du 13e arrondissement. Les macronistes de la première heure se serrent pour faire une place à tous ces ralliés issus des rangs de la droite, il y a encore peu critiques inconditionnels et adversaires politiques d’Emmanuel Macron, mais désormais sous le charme du héros national. Un journaliste de Marsactu s’y amuse d’entendre une militante LREM s’écrier en voyant Martine Vassal fendre la foule pour aller chanter la Marseillaise, la main sur le cœur, derrière une banderole géante proclamant fièrement « Les Marseillais avec Emmanuel Macron » : « Oh ! Une réfugiée politique »… On ne saurait mieux dire !

 

L. V.

Gennadiy Trukhanov, le maire d’Odessa, dans une vidéo diffusée lors du Conseil municipal de Marseille le 4 septembre 2022 (source capture d’écran © Ville de Marseille)

Martine Vassal, annonçant son ralliement à Emmanuel Macron en plein conseil municipal, le 4 mars 2022 (source capture d’écran © Ville de Marseille)

Martine Vassal, à Marseille le 2 septembre 2022, déjà avec Emmanuel Macron mais masquée… (photo © Ludovic Marin / AFP / BFM TV)

Martine Vassal, en mars 2019, avec Valérie Pécresse, en présence de Bruno Gilles et Sabine Bernasconi : des amitiés politiques fluctuantes… (photo © JY Delattre / GoMet)

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La parole est à vous...

Martine Vassal chantant la Marseillaise aux côtés d’Hubert Falco et de Renaud Muselier, au meeting de soutien à Emmanuel Macron, le 12 mars 2022 (photo © Coralie Bonnefoy / Marsactu

28/03/2022

Intel : pourquoi une telle subvention européenne ?

Le gouvernement américain tente actuellement, vaille que vaille, de faire pression sur certains pays asiatiques dont l’Inde et surtout la Chine, pour qu’ils ne profitent pas de la tension actuelle pour se rapprocher de la Russie et l’aider à contourner les sanctions économiques mises en place suite à l’invasion de l’Ukraine. Et pendant ce temps-là, une entreprise américaine fait pression sans la moindre vergogne, sur les pays européens en leur réclamant pas moins de 8 milliards d’euros de subvention publique pour pouvoir installer en Europe une usine de semi-conducteurs, faute de quoi l’entreprise californienne Intel Corporation, deuxième producteur mondial de microprocesseurs derrière Samsung, menace de s’implanter en Asie pour de strictes raisons de compétitivité économique.

 

Ainsi va le monde des affaires… Pendant que certains se battent pour défendre leur liberté et les frontières de leur pays, au nom de certaines valeurs universelles dont le droit des peuples à l’autodétermination, d’autres cherchent uniquement à profiter des subventions publiques pour maximiser leur profit et celui de leurs actionnaires !

 

Il faut dire que cette idée de vouloir augmenter la production en Europe de semi-conducteurs indispensables à l’industrie moderne et qu’il faut pour l’essentiel importer d’Asie, répond à une véritable demande politique européenne, formulée il y a déjà un an par le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, à Pat Gelsinger, alors nouvellement nommé PDG d’Intel. La pénurie actuelle de puces électronique qui handicape fortement la reprise économique et allonge démesurément les délais de fabrication de la moindre voiture, s’explique en effet par le fait que l’Europe ne produit que moins de 10 % de ses besoins quand le seul Taïwanais TSMC en représente 70 % !

 

Et les besoins ne cessent de s’accroître puisqu’on prévoit qu’ils devraient doubler d’ici 2030 pour un marché qui devrait représenter alors pas moins de 1000 milliards de dollars. Pour atteindre l’objectif ambitieux fixé par Thierry Breton de produire en Europe 20 % de ses besoins, il faudrait donc multiplier par 4 les moyens de production européens. Ambitionnant de devenir le futur leader des puces électroniques dont la finesse de gravure descend en dessous de 5 (voire 2) nanomètres, le nec plus ultra de la technologie de demain, l’Europe sort donc le chéquier pour attirer les Américains sur son territoire !

 

L’Europe ne manque pourtant pas d’industriels qui seraient en capacité de développer eux-mêmes ces produits de haute technologie dont le monde a besoin. Les trois principaux d’entre eux qui continuent à assurer une production européenne sont l’Allemand Infineon Technologies, le Néerlandais NXP et le franco-italien STMicroelectronics, issus eux-mêmes des grands groupes d’électricité Siemens, Philips et Thomson. Seulement voilà, ces grandes entreprises pourtant autrefois leader dans le domaine, ont été prises de vitesse dans la course au développement technologique et ne sont pas en capacité de produire ces micro-processeur avec une finesse de gravure inférieur à 7 nm qui représente le standard désormais recherché.

L’objectif est donc de relancer les efforts de recherche pour tenter de se replacer dans le peloton de tête des puces du futur, celles de 2 ou 3 nm, qui permettront de placer plus de 30 milliards de transistors sur une plaquette de la taille d’un ongle. Et pour cela, l’Europe mise sur ses fameux partenariats public-privé via la création d’une nouvelle entité, Key Digital Technologies, doté d’un budget de 1,8 milliard d’euros, en lieu en place de l’entreprise Ecsel, créée en 2014 mais qui n’a pas tenu toutes ses promesses.

 

Reste que, en attendant ces lendemains qui chantent, l’Europe n’a guère d’autres solutions que de se tourner vers le géant américain Intel pour tenter de produire sur son sol les puces dont elle a tant besoin. Oublié donc l’amende record de 1 milliard d’euros que la Commission européenne avait voulu infliger à Intel en 2008 pour abus de position dominante… Intel vient donc d’annoncer que les principaux bénéficiaires européens de sa future implantation, pour laquelle il prévoit d’investir pas moins de 33 milliards d’euros sur le Vieux Continent, seront, comme on aurait pu s’y attendre, l’Allemagne et l’Irlande !

 

La principale usine de semi-conducteur, qui représente un investissement de 17 milliards d’euros à lui tout seul, sera en effet implantée à Magdebourg, dans le Land de Saxe-Anhalt, à 130 km à l’ouest de Berlin. L’usine devrait être mise en service d’ici 2027 et devrait permettre de créer 3000 emplois permanents, ce qui paraît peu vu les montants investis, mais ne faisons pas la fine bouche… L’usine Intel déjà présente en Irlande bénéficiera, elle-aussi d’un investissement significatif de 12 milliards d’euros pour augmenter ses capacités de production, tandis qu’une usine d’encapsulement des puces électroniques sera implantée en Italie, permettant d’y créer 1500 emplois à partir de 2025. D’autres investissements sont aussi annoncés en Pologne et en Espagne.

 

La France, quant à elle, n’a pas été complètement oubliée, bien qu’elle n’accueillera aucune usine, fidèle en cela à sa tradition désormais bien ancrée de désindustrialisation, mais elle devrait néanmoins héberger un centre européen de recherche-développement, sur le plateau de Saclay, avec 1000 emplois à la clé dont 400 dès 2024 si tout va bien. A défaut de produire, la France reste malgré tout un pays attractif pour la recherche de haut niveau : on se console comme on peut…

L. V.

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La parole est à vous...

Intel emploie déjà 10 000 personnes en Europe (photo © Intel / Glassdor / L’Usine digitale)

Les semi-conducteurs, un maillon clé de l’industrie à base d’électronique (source © TSMC / L’Usine digitale)

Usine de puces électroniques d’Intel dans l’Oregon (source © Intel Corporation / L’Usine nouvelle)

Ici se trouvait une image photographie basse résolution provenant de l'AFP. Malgré la mention du copyright, cette photographie a fait l'objet, le 12/7/2022, d'une réclamation de la société de Copyright Trolling PICSRIGHTS, souvent contestée et située à l'étranger, qui nous réclamait 1612 € (!) alors qu'elle n'est elle-même pas titulaire des droits d'auteur.

Nous avons donc retiré immédiatement cette photo. Après avoir pris un conseil juridique, le suivi a été transmis à un cabinet spécialisé d'avocats luttant contre ce genre de pratiques abusives qui cible hélas particulièrement les associations à but non lucratif...

Laboratoire du fabricant STI Microelectronics à Grenoble (photo © Jean-Pierre Clatot / AFP / Le Monde)

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05/04/2022

Poisson d’avril : Martine Vassal porte plainte !

Décidément, la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, n’a aucun sens de l’humour… Il faut dire que les temps sont durs pour celle à qui tout souriait il y a peu, qui se voyait déjà dans le fauteuil de Maire de Marseille et qui en est réduite à demander l’asile politique à Emmanuel Macron, après s’être retrouvée empêtrée dans le désastre d’une métropole en lambeaux.

 

Voilà qu’elle vient maintenant de se fâcher tout rouge parce qu’un petit plaisantin a eu l’idée saugrenue d’annoncer sur les réseaux sociaux la gratuité des transports en commun sur l’ensemble de la Métropole à compter du 1er septembre 2022. Postée le 1er avril 2022 sur Twitter par le mouvement citoyen pour l’environnement Action Non Violente – COP 21, l’annonce était bien évidemment un poisson d’avril. Mais il n’a pas du tout fait rire Martine Vassal, d’autant que l’annonce, qui reprenait à s’y méprendre la charte graphique de la Métropole, a fait le buzz et a été consultée plus de 15 000 fois dans la journée.

 

Il faut dire que la promesse était crédible dans un territoire qui a été l’un des premiers en France à mettre en œuvre la gratuité des transports en commun et ceci dès 2009 sur le périmètre de l’ancien Pays d’Aubagne et de l’Étoile. Une mesure toujours en vigueur et qui fait le bonheur des Aubagnais dont la fréquentation des transports en commun a triplé depuis, et qui s’apprêtent désormais à accueillir le vieux serpent de mer qu’est la future liaison Val’Tram dont la Métropole vante justement le projet sur tous les abribus de la ville…

 

Seulement voilà, Martine Vassal qui inonde tout le territoire métropolitain de sa propagande incessante n’apprécie pas vraiment que d’autres s’expriment à sa place, surtout pour des promesses aussi populaires, elle qui ne rechigne pourtant pas à promettre la lune à ses concitoyens, du moins en période électorale. La Métropole s’est donc immédiatement fendue d’un communiqué de presse dénonçant vigoureusement ce poisson d’avril qu’elle qualifie de « fake news », Martine Vassal annonçant carrément sa volonté de porter plainte contre cette initiative qu’elle considère comme un véritable crime de lèse majesté.

 

Face à cette facétie plutôt bon enfant, on reste pantois devant les termes employés par la Présidente de la Métropole qui considère que « ces militants de la cause environnementale ont, à dessein, détourné le logo de l’institution, sa charte graphique, et usurpé l’identité de sa présidente, pour lui faire tenir des propos totalement fictifs et mensongers ». Il faut dire en effet que le message diffusé était assorti d’un commentaire faussement attribué à Martine Vassal qui se réjouissait de cette « mesure importante pour le pouvoir d’achat sur notre territoire ». Des propos mensongers donc, que bien évidemment jamais Martine Vassal n’aurait pu prononcer : dont acte.

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On reste néanmoins interloqué par la véhémence du communiqué de presse de la Métropole, affirmant qu’« il s’agit, de fait, d’un document qui tombe sous le coup de la loi contre la manipulation de l’information de décembre 2018 » et qui « manifeste une volonté de déstabilisation politique flagrante dans un contexte de campagne électorale, à une semaine du premier tour de la présidentielle », rien de moins !

 

On ne savait pas Martine Vassal engagée à ce point dans la campagne présidentielle en cours, elle qui avait refusé son parrainage aux multiples prétendants, et on a du mal à imaginer en quoi ce poisson d’avril ironique serait de nature à rebattre les cartes politiques nationales. En revanche, on s’étonne que Martine Vassal n’ait pas fait le lien entre ce communiqué iconoclaste et une tentative de déstabilisation en provenance directe du Kremlin dans le contexte de bras de fer international dont la population ukrainienne fait les frais.

 

De fait, elle s’inquiète plutôt du modèle économique qui se profilerait derrière cette velléité de gratuité des transports publics. Selon elle en effet, « instaurer la gratuité des transports en commun sur l’ensemble des 92 communes du territoire métropolitain est tout simplement intenable d’un point de vue budgétaire pour l’institution. Cela représenterait un montant d’au moins 200 millions d’euros par an ». Un argument que l’association citoyenne ANV-COP 21 réfute, arguant de l’impact très positif de cette mesure sur le secteur d’Aubagne et estimant que cette réaction démesurée de la Métropole cache mal sa fébrilité sur ce sujet majeur de la mobilité métropolitaine pour laquelle « c’est une action d’ensemble qui est attendue sur tous les aspects de la mobilité en améliorant le maillage du territoire en lignes de transports en commun, en augmentant la fréquence et la fiabilité des lignes, et en développant de véritables infrastructures pour favoriser l’usage quotidien des modes actifs ».

 

Un débat de fond donc entre deux conceptions assez divergentes et qui mérite sans doute mieux que cette réaction outrée et cette menace de plainte de la part d’une Martine Vassal aux abois. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’une fois la colère retombée, cette dernière se rende compte qu’elle risque de se ridiculiser en poursuivant ainsi ce mouvement citoyen devant les tribunaux pour un simple poisson d’avril quelque peu impertinent. Même si l’association a incontestablement poussé le bouchon un peu loin, au risque de noyer le poisson et de pêcher par imprudence, un recours judiciaire de la Métropole risque de faire flop et de se finir en queue de poisson…

L. V.

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La parole est à vous...

Faux-communiqué publié le 1er avril 2022 par l’ANV-COP 21 (source © Marsactu)

Information (véritable) de la Métropole concernant le projet de Val’Tram (source © Twitter / AMP)

Réaction imaginaire de Martine Vassal selon l’ANV-COP 21 (source © Actu)

07/04/2022

Alteo renonce définitivement à l’aluminium

L’usine d’alumine de Gardanne, la première au monde à avoir mis en œuvre, lors de sa mise en service en 1894, le procédé industriel Bayer, qui permet d’obtenir de l’hydrate d’alumine à partir du minerai de bauxite moyennant un traitement de cheval à base de soude concentrée à haute température, vient donc de renoncer définitivement à exploiter ce procédé sur son site.

 

Et ceci malgré les hauts-cris du député local, François-Michel Lambert, qui, depuis décembre 2019, en appelle ni plus ni moins qu’à la nationalisation de l’usine pour sauver ce qu’il considère relever d’un patrimoine industriel vital. Une position qu’il vient de renouveler dans un courrier adressé ce mercredi 30 mars 2022 au Premier ministre Jean Castex, dans lequel il demande à l’État, sinon de déclarer la mobilisation générale, du moins de « prendre le contrôle du site de production d’alumine de Gardanne ». Une position que le député défend au regard de la situation internationale, mettant en avant le fait que la Russie est l’un des principaux pays exportateur d’aluminium vers l’Europe en général et la France en particulier, ce qui ne peut que rendre notre industrie nationale, aéronautique notamment, particulièrement vulnérable en cette période de fâcherie avec la Russie pour cause d’invasion de son voisin ukrainien.

 

Fin 2019, le sujet était déjà brûlant alors que l’usine d’Alteo, passée successivement de Péchiney à Alcan puis Rio Tinto et aux mains, depuis 2012, du fonds d’investissement américain HIG Capital Europe, se déclarait brusquement en faillite, histoire de dramatiser les enjeux liés à la poursuite des subventions pour mettre enfin aux normes ses rejets en mer d’effluents industriels quelque peu toxiques pour l’écosystème. Sur les 8 repreneurs qui s’étaient alors alignés, deux seulement avaient fini par faire une offre et c’est celle du groupe franco-guinéen de transport et de logistique United Mining Supply International (UMSI) qui l’avait emporté début 2021. Une entreprise aux capitaux guinéens et chinois, rattachée au consortium SBM-Winning, lequel exploite, aux côtés de l’État guinéen, du Chinois Shandong Weiqiao et de l’armateur singapourien Winning Shipping Ltd, le plus gros gisement de la République de Guinée, avec une production annuelle de 42 millions de tonnes de bauxite.

 

Contrairement à l’offre concurrente présentée par l’ancien directeur des opérations de l’usine Péchiney qui souhaitait maintenir sur site la production d’alumine, UMSI a choisi de stopper définitivement, fin mars 2022, la transformation locale de bauxite en alumine selon le fameux procédé historique de l’Autrichien Bayer. Une décision lourde de conséquence pour les 484 employés de l’usine puisque près d’une centaine d’entre eux se retrouvent ainsi privé de leur fonction.

 

Mais une décision incontestablement favorable à l’impact environnemental du site dans la mesure où c’est cette étape de transformation de la bauxite en alumine qui est la plus polluante, à l’origine de la formation de ces fameuses boues rouges dont on ne sait trop que faire, riches en soude résiduelle mais aussi en fer et en métaux lourds divers, et que l’on a longtemps entreposées dans différents vallons de la périphérie marseillaise avant de les rejeter purement en simplement en mer, au cœur des calanques.

 

D’énormes investissements publics, apportés notamment par l’Agence de l’Eau, ont donc été engagés sur ce site depuis des années pour arriver à séparer, au moyens de filtres-presse, les effluents liquides de ces boues rouges et à retraiter ces eaux de process avant de les rejeter en mer, en respectant enfin, moyennant quelques dérogations successives, les normes environnementales. Sauf que les résidus solides issus de ce traitement coûteux n’ont jamais réussi à être valorisés de manière industrielle. Commercialisés sous le joli nom de Bauxaline®, on espérait en faire un matériau miracle que les terrassiers allaient s’arracher pour s’en servir de couverture étanche des anciennes décharges d’ordures ménagères ou pour constituer les assises de remblais routiers.

Seulement voilà, il est apparu que la radioactivité résiduelle de ces déchets industriels faisait sonner les portiques de contrôle et rendait l’usage du matériau malvenu sur les chantiers. Rejeté pour cette raison des anciennes décharges locales d’Entressen et du Mentaure (à la Ciotat, celle où s’était illustré un certain Alexandre Guérini, lourdement condamné depuis et dont la peine de prison ferme vient d’être confirmée en appel), le produit a également été interdit d’usage, sur la base d’arrêté préfectoraux, en janvier 2019, sur le chantier de dépollution d’une ancienne usine sidérurgique de Bayonne. Un coup dur pour Alteo qui voit donc s’accumuler sur son site de Mange-Gari, des tonnes de sous-produits peu appétissants qui empoisonnent la vie du voisinage à chaque fois que le vent provoque des envols de poussière rouge…

 

Dans un tel contexte, la décision du nouveau propriétaire de stopper cette production dans un environnement aussi sensible relevait donc du bon sens et l’on ne peut que s’étonner de voir un ancien écologiste comme François-Michel Lambert s’y opposer avec autant de force. Il est vrai que cet ancien responsable logistique de Pernod-Ricard, né à La Havane, et spécialiste de l’économie circulaire, a suivi un parcours politique assez sinueux, changeant à de multiples reprises de parti.

 

Oscillant entre Génération Écologie, Europe Écologie les Verts (étiquette sous laquelle il a été élu député de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône en 2012), puis le Front démocrate, l’Union des Démocrates et des Écologistes, LREM (qui lui permet d’être réélu en 2017) et désormais Libertés et Territoires, M. Lambert fait preuve d’une grande souplesse idéologique et justifie sa position par son souhait, tout à fait louable, de préférer conserver en France, moyennant un contrôle environnemental fort et des aides publiques massives, une industrie lourde et polluante mais nécessaire au tissu industriel national, plutôt que de voir cette activité se délocaliser dans un pays moins regardant sur le plan des normes environnementales.

 

Il ajoute donc désormais à cette position de fond un autre argument d’ordre stratégique en considérant que cette nouvelle orientation d’Alteo revient à abandonner définitivement la possibilité de fabriquer de l’alumine en France, étape indispensable pour la production de l’aluminium (encore produit en France dans les usines de Saint-Jean-de-Maurienne et de Dunkerque). De fait, l’Australie est désormais le principal producteur d’alumine, devant la Chine et l’Amérique du Sud, cette alumine servant pour l’essentiel à produire de l’aluminium (par électrolyse) et, pour 10 % environ, destiné à ces alumines de spécialité qui ont fait la renommée du site de Gardanne.

 

En se recentrant sur l’affinage d’alumine importée en vue de réaliser uniquement les produits de spécialité à haute valeur ajoutée nécessaires à la production de céramiques, produits réfractaires et autres verres spéciaux utilisés dans les smartphones et écrans plats, et que la Commission européenne a inscrit sur la liste des composants stratégiques, Alteo se prive ainsi de toute possibilité de poursuivre sur le sol national la production d’alumine désormais entièrement importée. Un nouveau renoncement qui risque d’affaiblir encore la capacité industrielle nationale…

L. V.

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Vue aérienne de l’usine Alteo à Gardanne (photo © Alteo / La Tribune)

Poudre blanche d’alumine stockée sur le site de Gardanne (photo © Alteo / Actu-Environnement)

Utilisation de Bauxaline® en terrassement routier (source © Alteo)

Le député François-Michel Lambert (photo © GoMet)

Vue aérienne de l’usine de production d’aluminium à Saint-Jean-de-Maurienne, fondée en 1907 (source © Trimet)

Cet article a été publié sur le
blog du Cercle Progressiste Carnussien