La transparence et la vie municipale
vécue par des élus et un collectif citoyen 
à Carnoux-en-Provence (13)

"Le foot, ça coûte cher, Madame,

parce qu’il faut payer les arbitres..."

Séance marathon cette semaine pour cette nouvelle réunion du conseil municipal de Carnoux. Débutée à 18h30 pétantes dans la toute nouvelle salle de l’hôtel de ville encore en chantier, la séance n’est levée qu’à 20h20, pour se poursuivre en aparté sur le parvis. Pourtant, malgré ce marathon, il n’y a guère été question de course à pied mais plutôt de football.

Une simple demande d’avance sur subvention (60 000 € quand même, la plus grosse subvention accordée par la Ville à une association locale, quand bon nombre d’entre elles ne touchent même pas un centime de la collectivité, et ceci pour 380 adhérents seulement) a mis le feu aux poudres. Aux interrogations de Cristèle Chevalier qui s’étonne d’une telle générosité publique, versée qui plus est sous forme d’avance alors que le budget municipal n’a même pas encore été adopté, le Maire monte au créneau, épaulé par son attaquant de pointe, Nicolas Bouland. Bien que plutôt amateur de rugby et pas vraiment fan de foot, Jean-Pierre Giorgi explique benoîtement à l’assemblée conquise que « Le foot, ça n’a rien à voir avec les autres sports, Madame ! Le foot, ça coûte cher : il faut entretenir les infrastructures, recruter des entraîneurs professionnels, payer les arbitres... ». C’est vrai, on n’avait pas pensé à ce point.

En tout cas, le Carnoux Football Club fait indéniablement la fierté de tout le conseil municipal unanime qui confirme au passage que cette modique subvention n’est finalement qu’une petite partie de la contribution collective à cette association qui bénéficie par ailleurs de la mise à disposition et de l’entretien gratuit de toutes les infrastructures sportives dont elle a l’usage exclusif. Mais tout ceci est largement justifié par la qualité exemplaire du projet pédagogique de cette école de foot qui forme la future élite du ballon rond. Il semblerait même que certains joueurs de l’équipe vedette du club, qui survole la compétition et pourrait jouer dès l’an prochain en National 3, auraient été formés à Carnoux. Une réelle fierté pour tous les Carnussiens et qui mérite bien quelques sacrifices en effet.

Plusieurs millions d'euros de travaux non réalisés s'accumulent d'année en année

Autre point phare de ce conseil municipal, le rapport sur les orientations budgétaires, qui préfigure le vote prochain du budget 2022. C’est l’occasion de constater une fois de plus que les caisses de la ville débordent grâce aux multiples subventions captées principalement auprès du Conseil Départemental, à qui il va encore être demandé une nouvelle subvention, cette fois pour le fonctionnement de la crèche municipale. Ce n’est pourtant pas la rémunération du personnel municipal qui coûte cher, ce poste étant même en baisse depuis plusieurs années, alors que l’on constate que un quart de la masse salariale est attribué à des agents non titulaires de la fonction publique territoriale : un record !

Le budget pour la reconstruction de l'école maternelle réévalué de 15% avant même les études de maîtrise d'oeuvre

Du coup, les reste à réaliser s’accumulent en fin d’exercice, formant une masse de plusieurs millions d’euros qui sera (en partie) utilisée pour financer les nouveaux projets et ceux déjà lancés : l’enfouissement des réseaux qui débute dans deux nouveaux quartiers, et bien sûr l’achèvement du chantier de l’hôtel de ville, pour lequel les avenants se multiplient. Parmi les futurs chantiers, le plus gros est sans conteste la reconstruction complète de l’école maternelle pour laquelle un programmiste a été recruté, ce qui a déjà permis de réévaluer de 15 % le montant prévisionnel de l’opération, estimé à 4,5 millions d’euros, avant même le lancement des études de maîtrise d’œuvre.

Des travaux de façade

Il est question de ravalement de façades aussi, dont celle de l’Artea et celle de la Médiathèque, portant toute neuve. Mais aussi celle de la Crémaillère qui va bénéficier d’une restauration complète tandis qu’une réflexion va s’engager en vue de remplacer les constructions vétustes des salles situées à l’arrière, y compris le clos Blancheton. Toutes les hypothèses sont sur la table quant au devenir de cet îlot avec peut-être même quelques logements supplémentaires, une belle maison des associations, une grande salle de danse, un club des jeunes attractif, des espaces pour l’Age d’Or, le tout élaboré à l’issue d’une large concertation avec la population : on se pince pour y croire ! Et, bien sûr, on applaudit des deux mains à cette démarche vertueuse.

Question orale : évoquer la participation des jeunes citoyens reste une question subversive

L’espoir est certes un peu déçu quand on entend le Maire répondre en lisant le texte qu’il a soigneusement préparé pour répondre à une "question orale", posée comme il se doit "par écrit" comme l’exige le règlement intérieur propre au conseil municipal de Carnoux où l’on déteste l’improvisation. Une question qu’il a même fallu poser par deux fois, sans d’ailleurs jamais obtenir même un accusé de réception, et qui ne figurait pas à l’ordre du jour comme le revendique le Maire qui considère que ce genre de débat oiseux n’a que faire dans une telle instance qui n’est là que pour entériner des décisions formelles, à savoir régulariser les avenants, prendre acte des rapports transmis et délibérer les demandes de subvention.

C’était justement l’objet même de la question de suggérer que tout ceci ne permet guère de motiver les citoyens, surtout les plus jeunes d’entre eux qui se mobilisent pourtant avec beaucoup d’énergie dans les débats de société mais boudent les urnes et ne font guère confiance à leurs représentants élus pour gérer de manière prospective les grands enjeux de notre temps. Cette indifférence grandissante d’une majorité de nos concitoyens envers la gestion des affaires publiques, même au niveau communal qui reste par excellence le lieu du débat démocratique de proximité, nécessiterait de réfléchir collectivement aux meilleures manières d’associer davantage tout un chacun aux décisions, via des instances que la loi encourage, et que toutes les collectivités mettent en œuvre.

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